Grèce : de l’usage de la dette ou l’économie politique du crime
HUSSON Michel
Les diktats imposés à la Grèce par les « institutions » (FMI, BCE, Commission européenne), ainsi que par les gouvernements européens sans exception, s’apparentent à un crime. Leurs effets sociaux sont dramatiques et ils bouchent tout espoir de sortir de la nasse. Les droits humains sont bafoués et la démocratie enchaînée. Cette contribution commence par examiner quelques petits crimes périphériques commis par veulerie ou par ignorance crasse, revient sur le crime délibéré du premier plan d’austérité de 2010, et examine le nouveau crime qui est aujourd’hui en gestation.
Petits crimes entre amis
Commençons par l’ignominie. Les « Gracques » se présentent comme « un groupe informel d’anciens hauts fonctionnaires socialistes » français. Ils viennent de publier dans le quotidien financier Les Echos, en date du 16 juin, une tribune sobrement intitulée « Ne laissons pas M. Tsipras braquer les banques ! » [1]. Selon Wikipedia, feraient notamment partie de ce groupe Jean-Pierre Jouyet (ancien ministre de Sarkozy et aujourd’hui secrétaire général de la Présidence de la République), Denis Olivennes, et Bernard Spitz (ancien conseiller de Michel Rocard et aujourd’hui président de la Fédération française des sociétés d’assurances). En 2007, les « Gracques » proposaient une alliance entre le PS et l’UDF de François Bayrou . Leurs dernières interventions, en 2014, sont fièrement titrées « Vive le réalisme de Manuel Valls » (Le Monde du 26 avril 2014) et « Schröder est avec nous ! » (Le Point du 28 août 2014).